Quels mots peuvent décrire l’infini1 ? J’ai lu quelque part que le nom de dieu s’écrit depuis le souffle premier, le Fiat Lux de la bible, autrement dit le Big-Bang bien aimé de nos chercheurs et scientifiques, et ce dans chaque étoile, chaque brin d’herbe où encore dans chaque actions, que nous la jugions positive ou négative. La définition de l’univers, sa description, serait alors son tout, une lumière parfaite contenant dans son spectre la totalité des phénomènes nous entourant et nous englobant et qui ne pourrait jamais être définie car, faisant partie de cette globalité, devenir un observateur nous serait impossible.
Dans ma recherche perpétuelle de la vérité, celle qui m’a poussé à lire la Bible, la Coran, la Bhagavad-Gîtâ, à devenir Bouddhiste puis à remettre en cause mes croyance, car ne pouvant leur trouver de justification, j’ai fini par faire une pause, par me définir comme un philosophe laïc intéressé par la théologie, la science, le mysticisme ou encore la mythologie du monde qui m’entoure. Cela me convenait et, même si en moi ce questionnement restait en suspens, je ne m’en portais pas plus mal. C’est sans doute ça prendre de l’âge, de chercher on finit par se lasser, certainement une des raisons pour lesquels on devient parfois de “vieux cons réacs” ©, car si l’on ne trouve pas notre vérité, aucune raisons que d’autres le fassent de leur coté.
Il y a plus d’un an, par le biais d’un ami qui s’intéressait depuis peu au Bouddhisme, je me suis repenché sur cette philosophie. Nous parlions et il a mentionné un nom que je connaissais bien fut une époque. Matthieu Ricard, c’est ce nom, est un moine bouddhiste qui fut auparavant un scientifique Français. Docteur en biologie moléculaire, Fils du philosophe Jean-François Revel, il est devenu l’interprète français du Dalaï-lama après avoir émigré au Népal en 1972. Matthieu Ricard a cette faculté de pouvoir parler aux occidentaux d’une philosophie éloignée de leur perception matérialiste, car c’est d’ici qu’il vient, de cette même culture occidentale qui nous a vu grandir. Il sait trouver les mots, les réflexions, vulgariser la pensée bouddhiste, faire prendre à nos conscience le chemin d’une clairvoyance qu’il considère être la voie de la conscience ultime. J’empruntais à mon ami un des livres de Matthieu Ricard dont le thème m’interpellait. Le livre en question resta plus d’un an sur mon chevet sans que j’y touche. Pourtant mon intérêt était bien réel, d’autant plus que son contenu s’attachait au plus profond de mes préoccupations.
La foi, j’en ai été témoin, est dangereuse, et l’on peut facilement s’y perdre comme le montre aujourd’hui la radicalisation des idéologies autour de nous, et je ne parle pas ici uniquement de religion (car l’on peut croire en d’autres choses). Le bouddhisme n’est pas à proprement parler une religion (étymologiquement ce qui relie à dieu), mais une réflexion profonde sur l’univers et l’interdépendance des phénomènes qui nous entourent. Pourtant de statut de philosophie, le bouddhisme, selon les traditions, s’est rangé du coté des religions : dogmes intransigeants, culture iconographique, déification du bouddha et de ses acolytes. Étant un esprit critique, je ne peux m’empêcher de faire vaciller mes repères et références de temps à autres, de les mettre à l’épreuve d’autres réflexions et perspectives, et j’avais fini par ranger le bouddhisme dans le carton des philosophies écornées qui ont perdu leur essence par stagnation, à cause de la corruption humaine, tout en sachant que le bouddhisme tibétain faisait en quelque sorte exception à la règle, parfois …
Ainsi faisant mes cartons l’année dernière, je décidais de prendre le livre dans mon sac de voyage et de me replonger dans la pensée Bouddhiste. Et ce qui m’a interpellé dans le thème a tenu ses promesses, “L’infini dans la paume de la main” est en réalité un dialogue, comme Mathieu Ricard en a l’habitude2. Il y confronte cette fois la réflexion Bouddhiste avec les arguments de Trinh Xuan Thuan, chercheur, professeur en astrophysique né à Hanoi, auteur de plusieurs ouvrages scientifiques3. Trinh, dont les origines vietnamienne vont au contraire de Mathieu chercher dans la tradition Bouddhiste, argumentera dans ce débat grâce à ses connaissances scientifiques, cependant grâce à la relativité de leurs histoires respectives, tout autant qu’à la nature des connaissances confrontées, Matthieu et lui parviendront à faire cohabiter spiritualité et science.
La réflexion menée de concert détache l’étiquette occulte que l’on pourrait prêter au bouddhisme, lui redonnant à mon sens son statut de philosophie profondément critique. Aucun argument scientifique ne semble oublié quant à la nature de l’univers, la réédition du livre apportant au fur et à mesure des découvertes de nouveaux chapitres à ce dialogue qui dure depuis l’an 2000. Rangez au placard les croyances ineptes, ou les sombres élucubrations montées par la religion en général. Ce fut un réèl plaisir que d’accepter d’un hochement de tête les reflexions de Matthieu autant que de découvrir l’étendue de nos connaissances scientifiques grâce à Trinh. Je ne saurai que conseiller la lecture de cet ouvrage, que vous soyez curieux de découvrir le bouddhisme, profondément agnostique ou encore féru de science. Je tiens à remercier Jeff pour m’avoir rouvert la porte de cette philosophie, j’attends avec impatience notre prochaine discussion à ce sujet.
6 Responses to Across the universe
Comme me le fait remarquer J.-P. Pernot, vieux complice de M. Ricard, le corps dans lequel renaît une énergie psychique dépend des faits et méfaits de ses incarnations précédentes. En clair, les handicapés sont ainsi parce qu’ils ont été mauvais durant leurs vies passées. Bien fait pour eux ! Vive le bouddhisme, vive la République et vive le Maréchal !
Dieu merci, nul n’est obligé de se raser la tête et de se draper de rouge et d’orange pour arpenter le noble sentier octuple.
Cette personnification de l’égo très occidentalisée est une déformation de la pensée bouddhiste qui parle de remanifestation d’un flux de conscience. L’égo étant impermanent, il n’est pas question de remanifestation de celui-ci. Ce bouddhisme populaire, qui applique le karma comme le jugement des dieux présents dans notre culture, est très présent est Europe et est inadéquat. L’approfondissement n’y resiste pas.
Cependant je ne m’affirme pas un expert en la matière, je crois aussi que le bouddhisme tibétain aurait à gagner à communiquer plus sur ce sujet.
http://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9incarnation#Dans_le_bouddhisme
Mais j’apprécie ta réactivité sur ces sujets 😉
J’en profite pour ajouter à tout cela que non je ne suis pas devenu moine au Canada, j’ai simplement aimé le dialogue du bouddhisme et de la science.
En passant…
http://www.youtube.com/watch?v=8gLWTtlMwo4
Et merci encore pour Ariane Moffatt ^^
“l’allure morale de l’homme ressemble à son allure physique,laquelle n’est q’une chute continue”(JP Ritcher, la vie de Fixlein)
“tu as un coeur pour l’espérance et des mains pour le travail” -(Milosz)
“il faut voir l’être intérieur attaquant la concupiscence. Quel boulanger plongea jamais d’aussi énormes mains dans son pétrin? Quel boulanger vit-on pareillement accablé par la montagne mouvante, montante , croulante de la pâte?une pâte qui cherche le plafond et le crèvera” (Henri Michaux- plume)